I. INTRODUCTION
Pisciculture côtière du Haut
Adriatique signifie surtout “valliculture vénitienne” et, avant de traiter
spécifiquement cotte forme piscicole, je crois opportun d'exposer d'abord quelques
considérations fondamentales, soit pour la situer parmi les systèmes
d'aquaculture soit pour indiquer les raisons de ses actuelles orientations
techniques.
I.1. Méthodes d'élevage
En général, or regroupe les pratiques
de pisciculture selon trois méthodes fondamentales: extensive, intensive et
semi-intensive.
Ces méthodes différent entre elles par
la différente dérivation énergétique de leur régime nutritionnel et, sur cette
base, on pourra dire qu'un élevage est extensif lorsque le milieu
ambient pourvoit à la totalité des besoins alimentaires; intensif, au
contraire lorsque les besoins alimentaires sont intégralement satisfaits de
l'extérieur; semi-intensif s'il fait appel au milieu, mais avec
également une intégration alimentaire de provenance extérieure (RAVAGNAN,
1978).
I.2. Classification des élevages
extensifs
Les élevages extensifs revêtent les
aspects techniques les plus variés, plus ou moins perfectionnés selon le
contexte socio-économique où ils s'insérent. Nous pouvons les classer
sommairement comme suit:
-
Elevages extensifs “primordiaux”, qui se distinguent du simple plan d'eau où
l'on pêche, par la présence d'aménagements peu nombreux, primitifs et souvent
précaires;
-
Elevages extensifs “structurés”, munis de structures générales stables et
rationnelles.
-
Elevages extensifs “équipés”, a savoir seulement “structurés”, mais disposant
également d'installations et équipements leur conférant un caractère hautement
fonctionnel.
I.3. Formes d'énergie
Une exploitation d'acquaculture,
n'importe laquelle, est toujours un systène conçu pour transformer une certaine
quantité d'énergie en produit utile à l'home et, en ce qui concerne les
différents processus de production propres à l'acquature, nous pouvons
distinguer trois formes d'énergie utilisée et précisément:
-
énergie “primaire”, à savoir la radiation solaire incidente;
-
énergie “susidiaire”, a savoir celle qu'une portion d'écosystème (comme l'est
une exploitation d'élevage) peut tirer de l'écosystème adjacent (marées, vents,
températures, sels nutritifs, etc...);
-
énergie “auxiliaire”, c'est à dire dérivée de circuits mis en action par
l'home.
II. LA VALLICULTURE
La valliculture est un exemple type de
pisciculture extensive d'eau saumâtre et, donc des zones côtières, lagunaires
ou d'estuaires. Depuis le début du XVI ème siècle, elle se présente dans le
territoire vénitien comme une activité de production non plus primaire et
approximative mais déjà avancée et bien organisée.
Elle tire ses origines de la pêche
lagunaire ainsi que des capacités d'observation des anciens opérateurs. Son non
vient du latin “vallum” qui signifie défense, protection, enceinte et
qui -dans notre cas- indique les ouvrages d'enceinte des nappes d'eau destinées
à la pisciculture et indiquées justement comme “valli” dans des documents
vénitiens remontant aux premières années du XIV ème siècle (voir BULLO, 1940).
III. - LA VALLE
III.1. Structure et
caractéristiques
La “valle” est une portion
d'écosystème aquatique, situé sur la côte, isolé par l'homme pour être destine
à la pisciculture. Primitivement, les “valli” étaient entourées de clayonnage
de roseaux ou de joncs ou même de filets, c'est à dire d'aménagements
précaires, incapables, de toutes façons, d'assurer une gestion des eaux
autonome, un contrôle biologique satisfaisant des aires délimitées.
Par la suite, les ouvrages de
délimitation devinrent des levées ou des digues, à savoir des structures on dur
ne laissant absolument pas pénétrer l'eau ni le poisson et on y introduisit des
structures capables de contrôler la communication avec le milieu extérieur.
L'homme poursuivit son oeuvre guidé par la nature : au début, en se limitant à
recueillir les fruits naturels sans altérer les caractéristiques des lieux, par
la suite en mettant des obstacles au mouvement des poissons, pour finir par
réaliser un écosystème satellite capable de rendre optimale sa propre
efficience écologique ainsi que de trier des apports d'énergie de l'écosystème
de base.
Une “valle” est principalement dotée,
en plus des ouvrages de délimitation et de communication controlée, d'une prise
d'eau de mer, d'une d'eau douce (là, évidemment où c'est possible), de barrages
filtrants, de bassins de récolte (colaùri), de chambres de capture et de triage
du poisson (lavorièri), de bassins d'hivernage (peschière), de machines pour la
culture des bassins, et, dans différents cas, d'installations de pompage.
L'étendue d'une “valle” peut, aller de
quelques dizaines à quelques milliers d'hectares. Dans la région vénitienne, la
dimension moyenne atteint à peu prés 300 à 400 hectares, avec une surface
minimum de 10 à 20 hectares et maximum de 1 600 hectares environ. Il y a en
tout, dans cette zone, 47 “valli” réparies sur 18 000 hectares enviorn, presque
toutes de type “équipé”, très peu de type seulement “structuré”, aucune de type
“primordial”.
III.1.1. conditions ambiantes
La nature des terrains des “valli”
est, selon les zones, formée essentiellement de sable ou d'argile. La
profondeur des bassins d'élevage est, en moyenne de 80 cm, alors que l'on
atteint des profondeurs bien plus grandes dans les bassins de récolte ou dans
ceux d'hivernage.
Le milieu-type de la “valle” est que
l'on trouve sur les franges côtières ou dans les estuaires, milieu soumis à de
fortes et soudaines variations de salinité et de température.
Le long de la côte où se trouvent les
“valli” vénitiennes, plus de sept fleuves importants, dont le Po, se jettent
dans la mer ; Presque toutes les valli communiquent avec la mer indirectement,
à savoir par l'intermédiaire de plans d'eau lagunaires, plus ou moins
importants dont la capacité thermique est très inférieure à celle de la mer.
Par conséquent, au fil des saisons et
en coincidence avec des événemets particulieurs, tels que les crues des fleuves
ou les tempêtes de mer, les conditions de salinité son soumises à variations
comprises entre 5 et 32% et la température connaît de l'année grands écarts
allant d'un minimum de 1 – 2° C en hiver à un maximum de 30 – 32° C en été.
Avec de telles conditions, on
imaginera facilement que la valliculture ne peut se permettre que l'élevage
d'espèces ichtyques euryalines et eurythermes.
Espèces de poissons élevées, en
général, dans les “valli” met durée de la saison d'élevage
Dans les “valli” vénitiennes, on
trouve, d'ordinaire, les espèces suivantes :
Dicentrarchus
labrax
|
Bar
européen
|
Sparus
auratus
|
Daurade
|
Liza aurata
|
Muge doré
|
Crenimugil
labrosus
|
Muge à
grosses lèvres
|
Mugil
cephalus
|
Muge cabot
|
Liza
saliens
|
Muge
senteur
|
Liza ramada
|
Muge porc
|
Anguilla
anguilla
|
Anguilla
|
Atherina
boyeri
|
Prêtre
|
En plus des espèces, citées, qui
représentent, jusqu'à maintenant la presque totalité de la production provenant
de la valliculture, d'autres sont ou peuvent être élevées, comme par exemple:
Gobius
ophiocephalus
|
Gobie
ophiocephale
|
Solea
solea
|
Sole
commune
|
Pleronectes
flesus
|
Flet
européen
|
Seuls Atherina boyeri et Gobius
ophiocephalus se reproduisent dans les bassins des “valli”, tandis que
toutes les autres espèces citées se reproduisent en mer.
Nous avons quelques exemples d'élevage
d'espèces d'eau douce dans les “valli” ; en particulier, de Salmo gairdneri
et de Acipenrides.
D. labrax, S. auratus, Mugilides,
A. boyeri, Gobius ophiocephalus, A.anguilla résistent
bien, même à des températures élevées (28 – 30° C) habituellement atteintes par
les eaux des “valli”, en été. Les températures minimales létales pour ces
espèces sont comprises entre 3 et 5° C (exception faite pour A. anguilla
qui résiste jusqu'à 0° C). En hiver, dans les bassins des “valli” les
températures descendent presque toujours jusqu'à 2 – 3° C et, quelquefois même,
encore plus bas. Ceci explique la nécessité d'aménagements pour l'hivernage du
poisson.
Les températures opérationnelles
d'élevage vont de 10 – 12° C à 28 -30° C. les optimales de 20 à 26° C. La
saison d'élevage va de la mi-mars à fin octobre; elle couvre donc une duré e de
sept mois environ, avec une période de rendement optimal de quatre mois.
Fonctionnement
Le fonctionnement d'une “valle”, même
s'il est articulé sur une certaine variété d'oprérations, repose sur trois
phases fondamentales qui sont : ensemencement, engraissement,
récolte ou si l'on veut introduction des sujets dans l'élevage, leur séjour
dans les aires de pâturage, leur capture lorsqu'ils atteignent la taille
marchande.
Ensemencement
On peut effectuer l'ensemencement en
suivant des méthodes différentes, utilisées seules ou ensemble. Ces méthodes
consistent à :
a.
favoriser la “montée” ou si l'on veut migration
(anadromique) de jeunes poissons de la mer vers des milieux trophiques, comme
ceux des “valli” et à empêcher la “remontée”, c'est à dire la migration en sens
opposé (migration catadromique);
b.
capturer les alevins en mer et à les introduire dans les
bassins d'élevage;
c.
activer les processus de reproduction artificielle selon
des techniques plus ou moins complexes.
La “montée” constitua la seule méthode
d'ensemencement de la valliculture d'autrefois ; très vite, toutefois, on
procéda à la capture des alevins dans les zones côtières d'autant plus loin que
les moyens et les techniques de transport étaient plus avancés. De nos jours,
plusieurs installations de reproduction artificielle fonctionnent déjà et l'on
estime que leur diffusion ainsi que le perfectionnement des technologies sont
une condition essentielle, non seulement pour le développement de la culture
d'espèces de poissons de poissons de mer, mais aussi pour la survivance même de
la valliculture actuelle.
La reproduction artificielle ou,
mieux, controlée, a été, jusqu'à maintenant, réalisée pour toutes les espèces
de Mugilides, pour D. labrax, pour S.auratus, pour S.
solea et pour d'autres encoure. On soulignera que c'est seulement pour D.
Labrax, pour S. auratus que l'on a appliqué des techniques de
reproduction massive avec des installations de type commercial.
Ces espèces sont, es effet, parmi les
espèces élevées, les plus prisées et en même temps, les plus difficiles à
trouver.
Dans une “valle”, la quantité
d'alevins introduite, tous les ans, varie selon l'étendue et les
caractéristiques trophiques de chaque “valle”. de même que la répartition de
l'ensemencement selon les différentes espèces.
En moyenne, les besoins par Ha/an
peuvent être évalués entre quatre et cinq mille alevins, dont 85% environ est
représenté par cinq espèces de Mugilides et les 15% restant par S.
auratus et D. labrax.
Les besoins d'ensemencement pour la
valliculture vénitienne peuvent être évalués, en gros, à 80 millions
d'alevins/an. Dans les “Valli”, le cours de l'ensemencement est néamons sujet,
dans le temps, à des variations quantitatives quelquefois très grandes et
discontinues, pour certaines espèces. Ce phénomène s'explique dans la mesure où
il est lié à la disponibilité des ressources marines qui varient par rapport à
des facteurs que la valliculture me peut, certes, ni contrôler ni prévoir.
Les pourcentages de survivance des
alevins, relevés au moment où ils atteignent leur taille commerciale,
oscillent, selon les espèces et les techniques d'élevage, entre un minimum de
10 – 20% et un maximum de 30 – 50%. Les “valli” avec une très forte présence de
D. labrax voient ces valeurs se réduire énormément.
L'ensemencement des anguilles dans les
“valli” vénitiennes, ne fut pratiqué, sauf exception, qu'à la fin des années
cinquante. La montée de civelles de la mer était presque toujours suffisante
pour la subsistance de standarts productifs typiques de chaque modèles de
“valle” (sableuse ou argileuse), et jugés de façon optimale sous le rapport
“quantité - taille” , avec des variations moyennes de 30 à 60 kg/ha/an.
A partir de 1957, dans les “valli” de
la lagune de VENISE, puis progressivement dans toute la valliculture de la
région, on assista à une invasion de Argulus giordanii, crustacés
ectoparasites du genre des Branchiuri, qui détruisit une très grande
partie de la production à la fois riche et constante. A partir de cette époque
-malgrè la présence persistante de Argulus- on se mit à pratiquer des
ensemencements de soutien de civelles, mais surtout de “ragani” c'est à dire de
jeunes anguilles d'un poids moyen corporel allant de 15 à 30 gr. les résultats
ne sont pas brillants et les productions sont devenues le tiers ou la moitié
des productions d'avant. Quant au repérage de l'ensemencement d'anguilles, il
n'y a pas de grandes difficultés, surtout en ce qui concerne les civelles.
On effectue normalement
l'ensemencement des “valli” pour toutes les espèces durant les mois de mars,
avril, mai ; quelquefois à l'automne (octobre – novembre) pour A. anguilla
et M.cephalus.
Les alevins (indiqués, dans leur
ensemble, comme "novellame) sont d'abord introduits dans des bassins de
dimension réduites (quelques hectares) et par la suite lachés dans les grandes
étendues de pâturage, appelées, en général, “laghi di valle”.
Engraissement
La croissance en poids de la
population piscicole de la “valle” repose uniquement sur les ressources
alimentaires offertes pur les bassins d'élevage, c'est à dire sur la capacité
biogénique du milieu. Par capacité biogénique, on entend la capacité du milieu
à transformer en produit d'intêret commercial une partie plus ou moins
importante de sa propre productivité naturelle.
En général, le valliculteur ne
pratique pas d'interventions directes pour augmenter la productivité naturelle,
mais il se limite à exercer une bonne gestion d'échange d'eau. Le
renouvellement en eau d'une “valle” n'a pas d'exigence de continuité, mais il
requiert par contre “quantité adéquate et intervention ponctuelle”. En d'autres
termes, un certain mouvement d'eau devra se vérifier, dans une phase et une
cirsconstance donnée, au bon moment, dans une juste mesure.
La gestion hydrique de la “valle”
repose principalement sur des interventions de défense et d'enrichissement
(visnat à la conservation et à l'amélioration de l'efficacité écologique des
bassins) et sur des interventions de coordination des opérations d'élevage
(ensemencement, pâturage, récoïte, etc…). On peut calculer que pendant une
année, on doit procéder à trois renouvellements complets du volume d'eau d'une
“valle”, dont un au début du printemps, un au cours de la saison
d'engraissement, un à la fin de l'automne ou le début de l'hiver, en
correspondance avec la phase de récolte.
Récolte
Si, pour ensemencer les “valli” par la
“montée”, on compte sur la tendance de certaines espèces ichtyques à remonter
de la mer vers les lagunes ou vers les “valli”, attirées par des besoins
alimentaires, pour récoïter le poisson, on compte sur la tendance de ces
populations ichtyques à redescendre vers le mer, poussées par ces
conditionnements thermiques et ou par les instincts de reproduction. A
l'exception de A. anguille tout le contingent élevé, bien qu'immature
sexuellement et commercialement, tend à descendre, chaque année, vers la mer,
puisque'il fuit -avant tout- les basses températures hivernales des bassins.
A. anguilla, par contre, résistante au froid,
reprend la direction de la mer, seulement quand son murissement sexuel met fin
à à sa période trophique.
Pour ce poisson, donc, le séjour dans
les aires de pâturage dure -à partir de son entrée dans la “valle” au stade de
civelle- de 8 à 12 ans, selon si c'est un mâle ou une femelle.
La récolte est effectuée à travers une
double action d'asséchage (c'est à dire un très fort abaissement du niveau de
l'eau à l'intérieur de la “valle”) et “rappel” c'est à dire l'introduction dans
la “valle” d'un flux d'eau de mer chaude et presque toujours plus salée que
celle de la “valle”.
En exploitant, par conséquent, le
rhéotactisme des poissons ainsi que la différence de température et de
salinité, l'on obtient le déplacement du produit élevé vers les bassins de
récolte.
Une “valle” bien conçue aura la
possibilité de diriger tout le contingent de poissons vers un seul bassin de
récolte. On pourra avoir plusieurs bassins dans le cas de “valli” étendues ou
ayant une conformation toute particulière.
Le bassin de récolte est situé
immédiatement en aval de l'ouvrage de communication contrôlée avec le milieu
extérieur et doit être assez profond pour pouvoir conserver une profondeur
d'eau d'au moins 1,50 m, lorsque les bassins doivent être reliés aux zones de
pâturages par un réseau de canaux sub-lagunaires, dont le fond présente une
pente légère dans leur direction de façon que, à l'époque de la récolte, le
poisson soit poussé par l'action d'assèchement et guidé par l'action de rappel.
A l'intérieur et sur les bords du
bassin de récolte, nous trouvons plusieurs installations importantes. Les
principales concernent l'ouvrage d'introduction et celui de capture.
Le premier est placé au point d'intersection entre les lacs de pâturage et la
bassin de récolte. Il consiste en un barrage à plusieurs ouvertures muni de
vannes mobiles et de dispositifs capables de diriger les poissons dans le
bassin ; le second consiste en un barrage conçu façon à pouvoir activer la
capture du poisson à l'intérieur même du bassin, à éviter aussi bien la fuite
vers la mer que le retour dans le bassin de récolte et à obtenir en outre une
séparation entre les anguilles et les autres espèces de poisson, voire même
pour les anguilles, une sélection par rapport à leur taille.
A une certaine distance (vers
l'intérieur) de l'ouvrage de capture principal (c'est à dire de celui qui est
place sur la “frontière” mer-élevage) on en installe presque toujours un
second, ayant pour fonction de capturer le produit contenu dans le bassin de
récolte quand le courant va vers la mer et non pas vers le bassin d'élevage.
Sur les bords du bassin, on trouve
également des ouvrages qui permettent le triage du poisson immature d'un point
de vue commercial, ou du poisson mûr en attente d'être commercialisé.
Hivernage du poisson
Dans le langage de la valliculture
vénitienne, “hivernage” sert à indiquer l'ensemble des opérations visant à
conserver en bonne santé le poisson pendant l'hiver, en le protégeant du gel et
des intempéries de cette saison. Elle ne représenté pas une phase proprement
dite du processus de production, mais plutôt l'organisation défensive de l'élevage
pendant la saison hivernale. toutefois l'importance qu'un tel moment assume
dans une valliculture telle que la vénitienne, qui se trouve dans une zone
climatique aux hivers froids, nous pousse à nous arrêter sur cet argument.
L'hivernage comence en novembre par
l'acheminment ou par le transfert du poisson dans des bassins spéciaux applés
“peschiere” et se termine vers la fin mars avec l'ouverture des “peschiere” et
l'introduction du poisson dans les lieux de pâturage.
La dificuïté de l'hivernage varie
d'espèce en espèce. La plus résistant est A. anguille pour laquelle
aucun bassin d'élevage n'est prévu, étant donné, que pendant l'hiver, elle se
défend on s'enfonçant au fond des bassins de pâturage. Les autres espèces,
classées par ordre décroissant de résistance sont:
D. labrax, M. saliens, M. cepbalus,
Liza ramada, Crenimugil labrosus Liza aurata, S. auratus. On met à hiverner ce dernier
séparément, dans des bassins spéciaux où il séjourne à basse densité et où l'on
doit garder une température qui ne soit pas intérieure à 6°c.
Pendant l'hiver, les poissons
subissent une diminution de poids plus ou moins importante selon le cours
climatique saisonnier. Dans les conditions les plus défavorables, elle peut
aller jusqu'à10% et même plus. La température optimale pour l'hivernage est
celle qui correspond à un équilibre métabolique du poisson base sur la demande
minimum d'énergie. II varie selon les espèces par rapport au niveau thermique
où se manifeste le stimulus alimentaire.
Les “peschiere” d'hivernage,
caractéristiques de la valliculture, sont constituées par une série de canaux
d'une largeur de 3 à 6 mètres et de longueurs variables (de 30 à 100 mètres),
tous reliés entre eux (même si séparables eu moyen de vennes ou de grilles) et
orients de façon à offrir au poisson un abri contre le vent, venant de toutes
directions. Entre un canal et l'autre, on trouve une parcelle de terre plus ou
moins large surélevée par rapport à la surface de l'eau (un mètre environ) où
l'on culture, en général, des Semper virens servant de haies brise-vent. Les
“peschiere” au fond sabloneux et alimentés aussi bien en eau douce qu'en eau
salée révèlent les plus fiables.
Les canaux d'une “peschiera” sont
d'autant plus efficaces qu'ils sont plus profonds. Une profondeur de 4 – 5 m ou
plus même, avec une largeur ne dépassant pas les 6 mètres environ, assure une
protection contre l'action du vent, une importante capacité thermique, une
abondante réserve en oxygène en cas de gelée
Si les “peschiere” se trouvent â
proximité de fleuves ou de dunes de table qui exercent sur elles une pression
manométrique, on aura, à travers les couches de sable, une lente filtration
capable de maintenir un certain renouvellement et de fournir au milieu de la
chaleur. Ce siphonnement de couche est un système de chauffage naturel très
efficace.
Pour l'hivernage d'un contingent
ichtyque égal à 10 tonnes, on doit disposer de 40 000 m2 environ de
bassins de peschiera. Une “valle” de 400 ha doit être dotée de 300 000 m2
au moins de “peschiere”
Ily a quelques années, le valliculteur
se rendant compte que ce qui limitait la production, c'était la capacité
d'hivernage plutôt que la capacité biogénique du milieu “valle”, se consacra à
la recherche de technologies visant d'une part à rendre plus efficients les
bassins traditionnels, de l'autre à expérimenter des systèmes moins onéreux et
plus sûrs dans leur fonctionnement.
Plusieurs “peschiere” furent dotées
d'installations de chauffage d'urgence, on fit hiverner le produit le plus
prisé dans des cuves de ciment chauffées et à l'abri, on obtint enfin de bons
résultats avec des sous narines échauffées.
Potentialité productive des “valli”
Les capacités de production des
“valli” vénitiennes atteignent les 150 kg/ha/an, dont 50 % de Mugilides,
25 % de D. labrax et S. auratus, et 25% d'Anguilles.
Compte tenu du climat où l'on opère,
un tel niveau de production peut être même considéré comme satisfaisant, mais
il est sûr que, de la valliculture vénitienne, on pourrait obtenir beaucoup
plus.
Cycles d'élevage
Chaque espèce élevée est caractérisée
par son propre indice de croissance par rapport auquel on détermine la taille
commerciale du produit.
Par exemple, s. auratus a un
cycle d'élevage de 18 mors environ, elle atteint une taille commerciale à
partir déjà du 6ème - 7ème mois et la taille optimale de 400 g. environ à la
fin du cycle ; D. Labrax a un cycle d'élevage de 37 mois environ pour
atteindre une taille de 400 – 500 g. ; M. Cephalus et C. Labrosus
atteignent leur taille optimale de 800 – 1 000 g. en 53 mois environ ; L. aurata,
saliens, ramada, qui ont un indice de croissance sensiblement
inférieur, atteignent la taille optimale de 300 g environ dans l'espace de 21 –
36 mois ; A. anguilla a un cycle d'élévage beaucoup plus long, comme
nous l'avons remarqué et, on la récolte seulement lorsqu'elle est argentée,
c'est à dire sexuellement mure. A ce stade, sa taille peut être plus ou moins
élevés selon son sexe et selon les conditions climatiques de la “valle”. En
général, les “valli” vénitiennes produisent des anguilles de taille allant de
200 à 600 g.
Evolution actuelle de la valliculture
Depuis plus de dix ans, la
valliculture vénitienne, afin d'augmenter sensiblement sa propre capacité de
production, s'est fixé comme objectif de dépasser les limites imposées par la
capacité biogénique naturelle (à laquelle est liée justement la productivité
des élevages estensifs) et s'est orientée vers la recherche de techniques
capables aussi bien d'obtenir de fortes productions dans un espace réduit que
d'augmenter la productivité du milieu. Ceci l'a amenée à affronter de nombreux
problèmes que l'on peut regrouper de la façon suivante:
D'une part ceux concernant l'adoption
de techniques de reproduction artificielle et d'élevage intensif et
semi-intensif des espèces élevées, de l'autre ceux touchant le repérage des
chaînes alimentaires sur lesquelles repose l'élevage extensif ainsi que les
interventions opérationnelles capables de les potentialiser.
De ces expériences menées sur ces deux
fronts dérive le système de “valliculture intégrée” basé sur la pénétration, du
point de vue fonctionnel et énergétique, entre l'intensif et l'extensif. Les
“valli” structurées selon ce système se composent de secteurs d'élevage
intensif et d'autres d'élevage extensif. Les premiers produisent de façon autonome
et même temps de premiers stades à l'extensif. De ce rapport dérive un
processus de production de type semi-intensif, où l'on voit les bassins
extensifs mettre à profit leur capacité naturelle biogénique et, en même temps,
tirer d'apports énergétiques en provenance des secteurs intensifs représentés
par du matériel piscicole “semi-élevé” par le courant d'eau et par les
catabolites d'élevage.
2)
Schéma des flux d'énergie dans un système de valliculture intégrée. On peut
observer que les secteurs intensifs sont soutenus par l'énergie auxiliaire et
la nourriture artificielle et les bassins extensifs, au contraire par l'énergie
primaire et la nourriture naturelle. L'énergie subsidiaire peut aider surtout
les bassins extensifs mais aussi l'alevinière, en y introduisant des alevins
qui proviennent de la mer. En vertu de l'intégration du système, il y a
beaucoup d'énergie qui passe des intensifs aux extensifs, sous forme de flux
hydrique, de poisson et de matière organique. En bas, nous voyons les sorties
productives ; quelques unes proviennent directement des intensifs, d'autres des
extensifs.
Elevage intensif
Toutes les espèces de poissons élevées
en valliculture intégrée (exception faite actullement pour Atherina boyeri
et en partie et pas toujours pour Anguilla anguilla) commencent leur
cycle dans des secteurs d'élevage intensif. Certaines y restent jusqu'à leur
mûrissement commercial (D. labrax et A. anguilla), d'autres au
contraire (S. auratus, Mugilides et, en partie, A. anguilla)
y restent pendant des périodes plus ou moins longues, et, pour compléter leur
cycle, elles passent ensuite dans les secteurs extensifs.
La structure des secteurs intensifs
varie d'espèce à espèce comme d'ailleurs la densité d'élevage qui va d'un 25–30
Kg/mé pour D. labrax à un minimum de 0.5 – 1 kg/m2 pour les Mugilides.
Elevage extensif
Les bassins extensifs, recevant leur
contingent de poissons à élever des intensifs et des apports de déchets
organiques des mêmes affluents sont soumis à plusieurs opérations de culture
visant essentiellement à la bonne gestion des eaux (à l' aide des installations
de pompage) et au labourage du fond des terrains (effectué à l'aide
d'équipements appropriés).
De cette façon, la valliculture réduit
d'une mesure appréciable la durée de ses propres cycles d'élevage et augmente
de 300 kg et plus par ha et par an, le potentiel de production des bassins
extensifs.
Potentiel de production de la
valliculture intégrée
Une installation de “valliculture”
intégrée se propose d'obtenir des productions les plus importantes possible
avec le minimum d'énergie venant de l'extérieur; elle vise par conséquent à
mettre en valeur la productivité naturelle.
Les dimensions des secteurs d'élevage
intensif seront calcul1ees non seulement par rapport à des critères commerciaux
mais principalement en fonction du bénéfice énergético-productif que les
secteurs extensifs pourront tirer de leur intégration avec les secteurs
intensifs. La potentialité de production de la valliculture intégrée, sur la
base de cet équilibre, réunit donc celle des secteurs intensifs et celle des
secteurs extensifs atteignant ainsi des niveaux remarquablement élevés. Des
installations expérimentales situées dans la Vénétie ont démontré qu'il était
possible d'obtenir des productions d'environ 1 000 kg/ha/an provenant pour 60 –
70 % des secteurs intensifs et 30 – 40 % des extensifs.
L'expérience a déjà montré l'intérêt
de “multiplier” les lignes de production opérant dans les bassins extensifs en
régime de polyculture rationnelle, de façon à mettre à profit la plus grande
partie possible de la structure trophique à disposition.
Par conséquent, on devra accorder une
grande importance au choix des espèces à élever, au rapport de poids entre les
populations ichtyques, au temps ainsi qu'aux méthodes concernant leur
introduction dans le milieu, à la succession des types de culture et aux
interventions opérationnelles visant à soutenir les vitesses de production.
On affirme, avec raison, que plus bas
est le niveau trophique dans lequel s'insère un organisme élevé, plus grand est
le rendement énergétique du processus de production. Il est toutefois bon
d'observer que certaines espèces de poissons ou de crustacés même si elles sont
placées à un niveau trophique plutôt élevé (3° ou 4°) se nourrissent de petits
organismes benthoniques ou planctoniques qui ne peuvent d'aucune autre façon
augmenter la production intéressante pour l'homme, si ce n'est justement à
travers une action qui les introduira dans la chaîne alimentaire montante ou
prédatrice, tout en les empẽchant de tomber dans la chaîne descendante ou
saprophyte. En d'autres termes, on obtient une économie d'énergie évitant ainsi
une diminution de vitesse de production.
Les possibilités d'application du
modèle de “valliculture” vénitienne
Là où la valliculture traditionnelle
(ou si l'on veut la pisciculture extensive), est ou peut être pratiquée, la
valliculture intégrée peut l'être à son tour. Le modèle peut être sans aucun
doute valable pour toute l'aire méditerranéenne et peut être introduit dans les
lagunes ou les estuaires, dans les étangs, marais, ou dans les terrains côtiers
inondables avec des résultats d'autant plus satisfaisants que les conditions
climatiques sont plus favorables.
4) Les circuits des déchets dans un
système de valliculture intégrée.
Ce schéma
représente un système complet à partir de la reproduction artificielle jusqu'au
produit fini.
Nous
pouvons constater que les déchets font partie intégrante du régime productif.
Un complexe bien équilibré et bien maîtrisé devrait et pourrait dispenser, par
son flux hydrique ou décharge, moins de nutrients qu'il n'en introduirait en
puisant l'eau de l'écosystème extérieur.
3)
A ce propos, nous pouvons en particulier voir les circuits trophiques
fondamentaux et les principales sorties productives des systèmes de
valliculture intégrée.
Ici aussi,
on peut observer comment les secteurs d'élevage intensif introduisent de
l'énergie dans les circuits naturels, sous forme de matière organique.
Principaux problèmes liés aux
programmes de développement
Pour conclure, nous voudrions mettre
en relief les principales difficultés liées au développement de la valliculture
et donc de la pisciculture en eau salée ou saumâtre. Non pas tant pour que le
pessimisme l'emporte sur l'emporte sur l'optimisme, que parce que nous croyons
qu'un programme sérieux doit reposer sur une vision réaliste, d'une part des
possibilités effectives et, de l'autre, de difficultés qui sont loin d'être
légères.
Nous laissons de côté ici les
problèmes soulevés par la formation du personnel, la commercialisation des
produits, le financement des diverses initiatives et d'autres encore, non parce
que nous les jugeons peu importants, mais plutôt parce qu'il faut, selon nous,
donner la premières place à ceux qui concernent :
a.
l'approvisionnement en alevins,
b.
la défense écologique et l'affectation du territoire
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