Les écrevisses
1. Généralités de l’Astaciculture
Les écrevisses sont apparues, au
cours de l’évolution, il y a quelques 250 millions d’années. Elles se sont
diversifiées (plus de 470 espèces à l’heure actuelle) et ont colonisée
progressivement les eaux douces des différents continents. L'astaciculture (du
latin : Astacus et culture) est l'élevage des écrevisses qui est généralement
une activité aquacole à but commercial ou semi-commercial. Elle se réalise très souvent dans d'anciennes
Cressonnières, des gravières mais elle peut être réalisée aussi dans des parcs
spécialement aménagés. L’écrevisse est un crustacé d’eau douce ressemblant au
homard, mais de taille beaucoup plus petite. On admet que les écrevisses
dérivent de formes marines qui se sont adaptées à la vie dans les eaux douces
(Laurent, 1989). Il en existe plus de 400 espèces dans le monde, dont moins de
dix d’entre elles sont l’objet d’une production commerciale (Huner, 1995).La
plus grande diversité d’espèces s’observe en Amérique du Nord, qui compte plus
de 300 espèces indigènes (Huner, 1997b). Plus d’une centaine d’espèces sont
présentes en Australie (Webster, 2002). En Europe, les populations d’écrevisses
indigènes ont été décimées par la maladie, la pollution et la destruction
d’habitats (Huner, 1988).Certains auteurs considèrent deux familles, Les
Astacidae (écrevisses boréales) et les Parastacidae (écrevisses australes).En
Europe de l’ouest, l’écrevisse à pattes blanches Austropotamobius pallipes
et l’écrevisse des torrents Austropotamobius torrentium doivent
être conservées pour leur valeur culturelle en tant qu’espèces phares pour une
bonne qualité environnementale. Dans le système hydrographique marocain, il
existe deux espèces d’écrevisses appartenant à la famille des astacidae : Astacus
astacus Linné 1758 (écrevisses à pattes rouges) qualifiée aussi
d’écrevisse noble et Orconectes limosus (écrevisse
américaine). Ces deux espèces se répartissent de façon inégale au niveau du
moyen atlas. Astacus astacus introduite au début du 20ème siècle est la plus
répandue dans les cours d’eau, alors qu’Orconectes limosus introduite beaucoup plus tard n’occupe
que quelques lacs de la même région (thèse de doctorat présentée par Mohamed
BENYAHIA TABIB en 2003,). Depuis l’an 2003, la ferme pisciculture du nord situant
au nord du Royaume à 20 km au sud-ouest de Tanger a introduit une troisième
espèce qui s’appelle Cherax quadricarinatus, connue sous
le nom (RedClaw), importé de l’Australie.
Cette espèce est toujours en phase expérimentale, elle n’est pas encore
commercialisée ni à l’échelle nationale, ni à l’internationale. Les écrevisses
sont aujourd’hui appréciées non seulement en tant qu’espèces patrimoniales dont
la perte diminuerait la biodiversité des eaux douces mais aussi en tant qu’espèces
«parapluies » qui régulent et protègent cette biodiversité. La conservation des
écrevisses permet donc de favoriser la protection des milieux aquatiques ainsi
que le maintien d’activités économiques et d’un patrimoine naturel et culturel.
De nombreux programmes de
conservation sont menés aux quatre coins de l’Europe pour maintenir ce
patrimoine astacicole.
L’élevage de l’écrevisse se
pratiquant dans le milieu aquatique, laisse à penser – à tort- que les conditions de
milieu convenant à
la pisciculture sont également bonnes pour l’astaciculture .dans ce cas on peut
en déduire que les contraintes piscicoles, bien étudiées et bien connues, sont
approximativement les mêmes pour un élevage d’écrevisses. L’animal considéré
est cependant bien diffèrent des poissons.il s’agit d’un crustacé dont la
morphologie externe et interne, la physiologie, le comportement sont très différents
de ceux des poissons et impliquent, pour l’éleveur des attitudes, des méthodes,
des techniques et des pratiques différentes en bien des points. (Arrignon ; 2004)
2. CLASSIFICATION
D’un point de vue taxonomique, les écrevisses appartiennent à la classe des crustacés et à l’ordre des décapodes.- On compte 593 espèces d’écrevisses recensées à l’échelle mondiale qui se regroupent en 30 genres répartis dans trois familles selon Sinclair et al. (2004) :
- Astacidae (14 espèces),
- Cambaridae (409 espèces)
- Parastacidae (170 espèces).
Classification de Cherax quadricarinatus Von Martens, 1868
Embranchement : Arthropoda Latreille, 1829
Sous-Embranchement : Crustacea Brünnich, 1772
Classe : Malacostraca Latreille, 1802
Sous-Classe : Eumalacostraca Grobben, 1892
Super-Ordre : Eucarida Calman, 1904
Ordre : Decapoda Latreille, 1802
Sous Ordre: Pleocyemata Burken road 1963
Infraordre: Astacidea Latreille, 1802
Super famille: Parastacoidea Huxley, 1879
Famille: Parastacidae Huxley, 1879
Genre : Cherax Erichson, 1846
Cherax quadricarinatus Von Martens, 1868
Chevrax. Quadricarinatus, originaire d’Australie et de Nouvelle-Guinée, a été introduite récemment dans cette ferme aquacole marocaine (Tanger). Cette espèce n’est pas présente au Maroc à l’état sauvage.
3. MORPHOLOGIE DE L’ECREVISSE
a. Morphologie externe
Figures 3 : Anatomie externe d’une écrevisse. (a) face dorsale et (b)
face ventrale
|
Figure 4 : Ecrevisse Australienne Cherax
quadricarinatus
|
L'écrevisse
fait partie du grand groupe des arthropodes (pattes articulées).Elle possède un
Squelette externe (carapace) formé de chitine membraneuse et cornée plus ou
moins imprégnée de calcaire. Les articulations ne sont pas calcifiées, ce qui
permet à l'animal de se mouvoir. Le corps est divisé en deux parties : le
céphalothorax (segments de la tête et du
thorax soudés) et de l'abdomen. Le céphalothorax est terminé en avant par un
éperon, le rostre, qui est caractéristique de l'espèce. La région céphalique porte
trois paires d'appendices qui constituent la bouche et les «mâchoires» et deux
autres qui forment 2 paires d'antennes. Le thorax supporte 5 paires de
péréiopodes ou pattes locomotrices. La première est terminée par de puissantes pinces. Les deux suivantes par de
minuscules pinces et les deux dernières par une griffe. L'écrevisse se déplace
sur le fond du cours d'eau avec 4 paires de pattes, les pinces servant à se défendre.
De chaque côté du céphalothorax on trouve une chambre contenant les branchies.
L'eau entre par la base des pattes locomotrices et ressort par la bouche sous
l'effet d'un courant créé par le mouvement perpétuel des appendices buccaux. L'abdomen
est formé de 6 segments plus une sorte de nageoire caudale, le telson, qui
porte l'anus. Sous l'abdomen on trouve de petites pattes appelées pléopodes.
Chez la femelle, elles servent à retenir les œufs durant l'incubation, alors
que chez le mâle les deux premières paires sont modifiées en appareil
copulateur. Le telson sert de propulseur pour la fuite rapide en marche arrière
quand l'écrevisse se sent menacée. Les yeux se trouvent à l'extrémité d'un
pédoncule mobile. Ils sont composés de centaines de facettes comme chez les
insectes.
a. Morphologie interne
Le système digestif : composé
de trois parties: Un
court œsophage et un estomac volumineux et très musculeux (pour le broyage des
aliments),Un intestin moyen et glandulaire, avec un hépatopancréas (sécrétant
la cellulase, enzyme permettant de digérer la cellulose végétale) et un caecum;
un intestin postérieur, long tube droit se prolongeant jusqu’au telson.
Le système circulatoire est
“ouvert”:
Il est constitué d’un cœur,
perforé de 3 paires de trous ou ostioles, permettant au liquide sanguin de la cavité
générale du corps d’y pénétrer lorsqu’il se dilate. A 20°C, le cœur de
l’écrevisse bat à raison de 30 - 40 fois par minute. Un réseau d’artères
alimente les différents organes du corps, mais comme la circulation n’est pas
fermée, le sang se déverse à l’extrémité de ces vaisseaux dans les cavités
situées entre les organes.
Le système nerveux : est essentiellement
ganglionnaire, à raison d’une paire de ganglions par segment. Le ganglion se
trouvant au-dessus du pharynx est appelé “cerveau” de l’écrevisse. Il est relié
à une chaîne ventrale composée de 22 ganglions. Des ganglions partent de la
connexion nerveuse vers les muscles du corps, vers la tête et les différents
organes du corps.
La musculature:
Les muscles les plus développés
sont bien entendu ceux de l’abdomen (2 paires les dorsaux ou extenseurs et les
ventraux ou fléchisseurs) et ceux des pinces. Ce sont ces muscles-là qui sont
consommés par l’homme. L’écrevisse possède bien entendu toute une série
d’autres muscles, moins puissants cependant: ceux des mandibules, ceux des
autres pattes, de l’estomac.
L’appareil génital : est constitué de testicules chez
le mâle et d'ovaires chez la femelle. Les orifices génitaux se trouvent à la
base de la 3ème paire de
pattes chez la femelle et de la 5ème
paire de pattes chez le mâle. L’écrevisse est une espèce dite « gonochorique »
dans le sens où les sexes sont séparés et qu’elle effectue une fécondation
externe (Parnes et al. 2003).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire